vendredi 21 décembre 2012

Notre Dame des Landes : la démocratie passée par perte et profit - Bertrand Vrain répond à Patrick Rimbert, maire de Nantes



Quelle déception de lire la réponse du Maire de Nantes à la question d’actualité, posée en Conseil Municipal du 7 décembre par Isabelle Loirat, et relative au projet de Notre Dame des Landes ! Je pensais qu’enfin, un début de dialogue avec débat pieds à pieds pouvait s’engager. Mais, las, je ne peux que constater la reprise des arguments habituels des promoteurs du projet, toujours aussi mal étayés et si peu rigoureux.

Qu’on en juge : la « poignée d’activistes violents et radicalisés » décriée est opposée à « l’état de droit » où les « décisions de justice doivent êtres respectés ». Reprise donc du vieil antagonisme entre les trublions et les sages, drapés dans leur dignité. En dehors des effets de manche, tes propos, Patrick, contestent les conclusions de l’étude CE Delft avec des arguments surprenants : elle n’a pas coûté assez cher. Il est vrai que les collectivités ont l’habitude de diligenter moult études, en général assez onéreuses, mais la pertinence des résultats n’est pas toujours proportionnelle à leur coût. 

Nier les dépassements potentiels du coût de NDL, comme tu le fait, Patrick, est bien curieux en terme de prudence comptable et l’argument du financement par VINCI « à ses risques et périls » ne tient pas puisque le dossier économique (la fameuse Annexe F) était dans le dossier de l’enquête publique de 2006 alors que le contrat a été attribué à VINCI en 2010. 


Autre argument clé : celui de l’évaluation des gains dus aux temps de trajet, gains qui constituent la quasi-totalité des avantages du projet. La critique de CE Delft d’une surévaluation d’un facteur 4 est balayée par toi d’un revers de main parce qu’elle serait « une approximation » due à une mauvaise interprétation du tableau de synthèse. Mais justement, CE Delft a relevé que l’étude officielle « n’était pas très claire sur ce point». La réalité des calculs devrait donc être présentée par les promoteurs du projet, ce qu’ils se gardent bien de faire à ce jour. Bien entendu, les bureaux d’études qui ont travaillé pour l’Etat sont forcément, eux, très « sérieux et incontestables », d’après toi alors que CE Delft n’aurait fait que répondre « aux questions orientées posées par son commanditaire » ; quelle belle objectivité symétrique ! 

Quant aux espaces libérés par la suppression du PEB pour pouvoir loger 15 000 habitants ou pour installer l’IRT (qui n’est planifié que pour 65 000 m², soit 6,5 ha comparé aux 320 ha occupé par Nantes-Atlantique), quel optimisme pour les fabuleuses créations d’emplois qui seront soit disant permises par le transfert de l’aéroport, que de promesses qui n’engagent que celles et ceux qui y croient ! 

On sait la justesse des prévisions économiques diagnostiquées par les experts qui conduisent les peuples à l’austérité présente. Une chose est sûre : avant toute hypothétique création d’emplois, le transfert commencerait par détruire les emplois en Sud Loire et le bocage en Nord Loire avec ses paysans. 

Avec la reprise de l’argument d’une desserte « par des transports collectifs performants », Patrick, tu plonges encore dans l’inconnue puisque aucune desserte n’est à ce jour financée, même le minimaliste autocar qui, faute de voies dédiées, se noiera dans les embouteillages quotidiens. Et que dire de la mirifique liaison nouvelle Nantes-Rennes via NDL dont le coût tutoierait 2 à 3 milliards d’Euros ?

Malheureusement, mon cher Patrick, je crains bien qu’il y ait eu « manipulation des études » et, contrairement à ce que tu affirmes, le projet VINCI n’a pas grand-chose à voir avec celui de 2002 : pistes raccourcies, pas de taxiway, dimensionnement initial correspondant à celui de Nantes-Atlantique et, par contre, 12 000 places de Parking pour faire payer aux usagers les bévues politiques qui auraient pu être évitées par un aménagement raisonnable de Nantes-Atlantique avec son accès ferré à moindre coût.

Cher Patrick, je suis effaré de la tournure que prend ce projet et de l’obstination de ses promoteurs, obstination coupable à partir du constat de la tromperie du dossier d’enquête publique qui a conduit à ces votes d’octobre 2010 du financement de VINCI. Si cette tromperie était confirmée, nous entrerions dans le domaine d’une démarche frauduleuse qu’aucun élu ne saurait couvrir. 

La situation actuelle de forcing, avec ses campagnes publicitaires scandaleuses qui s’étalent à pleines pages de journaux payés par les budgets publics, n’annonce rien de bon. La fameuse commission du dialogue peut faire avancer le sujet si elle ne reste pas crispée sur la position rigide initiale des promoteurs politiques du projet. Les cartes doivent être rebattues et j’espère, Patrick, que nous pourrons y arriver.

1 commentaire:

  1. dans les travaux préparatoires au Scot de 2030 , où je representais le canton de loire et sillon, on nous a dit (des décideurs bien pour l'aeroport de NDDL) que d'ici 2030 , il etait impossible d'avoir une desserte collective d'ici 2030, non seulement pour des raisons financieres, mais aussi parce que faire des études, prendre l'emprise fonciere etc et c, c'était long à faire.
    ce qui est prévu,officiellement c'est 90% de transport en voiture individuelle (nantes atlantique , c'est 50% actuellement), ce qui explique le surdimensionnement des parkings, source de profit pour Vinci..

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