lundi 18 octobre 2010

Plan de financement de l'aéroport de Notre Dame des landes en débat au Conseil de Nantes Métropole du 18 octobre - Le non des élu-e-s alternatifs

Notre Dame des Landes, à quand le crash ? - Intervention de Bertrand Vrain


Avant de commencer, je voudrais vous dire comment j’ai été choqué par le dispositif policier impressionnant ; nous n’avons pas l’habitude de délibérer sous la protection des Robocops. Je trouve tout ça infâmant.


Avec la délibération que vous nous demandez de voter, nous basculons dans l’inconnu. L’inconnu au niveau financier. L’inconnu au niveau de l’emploi. L’inconnu au niveau de l’aménagement du territoire.L’inconnue financière se cache derrière les tableaux des annexes à la convention Etat-Collectivités qui s’engagent pour la bagatelle de 246 M€ dont 115,5 M€ pour nos trois collectivités locales. Certains prétendent, comme le Président du Conseil Général, que c’est pas cher puisque ça représenterait 1,5 € par an et par habitant et Monsieur le Président, vous nous avez dit que cela représenterait 1 pour Mille du budget de Nantes-Métropole ; ce tour d’illusionniste ne trompe que ceux qui y croient : on pourrait dire la même chose pour tout investissement et on sait que ces 245 M€ d’argent public correspondent aujourd’hui à deux lignes de tram de 7 Km, une trentaine d’écoles ou de crèches, une dizaine de ponts urbains sur la Loire ou encore la participation de Nantes-Métropole à plus de 25 000 logements sociaux ou encore 10 fois notre participation aux opérations ANRU en cours sur Nantes et Saint-Herblain.


Or, de ces services publics, de ces aménagements, les habitants de nos communes en ont besoin. L’argent public ne peut servir deux fois. Et vous nous demandez de ratifier le financement d’un projet qui n’a aucune utilité. Dans une contribution subtilement intitulée «L’aéroport de NDDL : un projet du passé, un projet dépassé ?» M. Jean Renard, vice président du Conseil de Développement écrit, je le cite : « Ce projet a été imaginé à la fin des 30 glorieuses, lorsque les questions environnementales et le développement durable n’étaient pas à l’ordre du jour ». Le début des années 70 c’était l’époque du pompidolisme triomphant. Le pétrole était à 4 $ le baril, il est actuellement autour de 85 $ alors que le monde capitaliste est en pleine crise économique. Dois-je rappeler que le débat public sur NDDL date de 2003, alors que le prix du pétrole était à 25 $. A combien sera-t-il dans 30 ans ? A 3 chiffres, c’est sûr, et dont le premier sera supérieur à 1. Alors quel crédit accorder à la fiabilité des études prospectives d’experts qui ont basé leurs hypothèses sur un baril à 60 $ … en 2025 ? Mieux vaut en rire avant d’en pleurer ?


En matière de coût, de nombreux documents ne nous ont pas été transmis : l’accord entre l’Etat et le groupe Vinci ? Le Cahier des Charges ? Le « plan d’affaire de référence » mentionné dans la délibération et les annexes et sur lequel est basé tout l’équilibre économique ? Comment pouvons juger des contributions publiques alors que ces documents fondamentaux sont sous le boisseau ? Toute opacité sur ce dossier nourrit à juste titre la suspicion. Nous vous demandons la transmission de ces documents avant de soumettre au vote cette délibération, car il est bien sûr essentiel de savoir sur quelles hypothèses et sur quel modèle économique ce projet est bâti. Est-ce celui des compagnies low-cost qui ont finalement déserté Poitiers, Clermont Ferrand, Caen, Reims ou Deauville ? Ne faisons pas l’autruche, du moins dans les rangs de la gauche, en faisant semblant d’ignorer que ces entreprises ont décidé de bafouer notre législation sociale en appliquant la directive services de l’UE, fille de la fameuse directive Bolkestein. Tout comme Easyjet ou Cityjet, filiale d’Air-France-KLM, c’est ce que vient de faire Ryanair à Marseille. Et, lamentablement, le maire UMP crie à l’irresponsabilité des syndicats !


Je n’ai guère le temps d’évoquer l’arlésienne des accès par voie ferrée, jugée par le ministre Borloo, je le cite « indispensable dès l’ouverture » et par notre collègue Gillaizeau « un préalable à la réalisation ». La LGV Rennes-Nantes, coût autour de 2 Md€, est dans les cartons et risque d’y rester longtemps. La réponse du berger à la bergère, par la voix du Président Patrick Mareschal est : le Tram-train est trop cher, 140 M€, « on ne pourra pas se payer les deux » mais si on reprend son discours déjà évoqué, ça ne ferait que 3 € par an et par habitant ! Quelle dérision !


Mes chers collègues, je vous l’affirme, l’équilibre économique qui vous est présenté fondra comme neige au soleil et là, non seulement, au revoir les avances dites remboursables, mais les collectivités locales seront obligées de mettre une nouvelle fois la main à la poche parce qu’il sera inimaginable de fermer le seul aéroport qui desservirait la région nantaise.


Le projet de nouvel aéroport détruit 2000 ha d’un patrimoine écologique remarquable. Il est une épée de Damoclès sur les milliers d’emplois chez Airbus et les sous traitants avec les valses de déclarations contradictoires sur le maintien de la piste de Nantes-Atlantique. Et que dire des 1000 à 2000 emplois délocalisés du Sud au Nord ? Aéroport HQE, dites-vous, mais, le coût de transport des personnes délocalisées ne sera pas supporté par le concessionnaire mais par les salariés eux-mêmes qui feront, en voiture bien entendu, en moyenne, tous les jours, plus de 60 Km. Quel bel exemple d’un déséquilibrage Nord-Sud pourtant déjà important, quel bel exemple d’un projet écologique qu’aucun écolo ne soutient ! Tout ça alors que notre aéroport actuel répond à tous les besoins actuels et prévisibles, voyez des plateformes comparables en surface à Nantes Atlantique et à une seule piste, Genève 11 Mpax, San Diego, 17, Gatewick 35 et avec un nombre de mouvements 4 à 7 fois plus importants. Et si les compagnies piaffaient d’impatience d’ouvrir en nombre des lignes régulières à l’international, ça se saurait.


Mes chers collègues, les décisions que nous allons prendre sont très lourdes de conséquences : non seulement, ce projet d’un équipement qui devrait être public est irréalisable financièrement sans l’appui des collectivités, comme c’est d’ailleurs aujourd’hui le cas pour Nantes-Atlantique dont l’équilibre n’est trouvé que grâce à l’apport des parkings voitures et à la quasi absence d’investissement. Il menace l’aménagement du territoire et l’emploi durable. Et il nous met à la solde, d’abord du groupe Vinci, mais aussi des compagnies aériennes qui viendront ou s’en iront, au gré des chantages aux renoncements sociaux et aux demandes de subventions auprès des collectivités.


Construire un aéroport à Notre Dame des Landes, contre la volonté de ses habitants et de ses élus soulignons-le, est emblématique d’un développement non soutenable, à l’image d’une société de gaspillage dont nous ne voulons pas. Le vote d’aujourd’hui sera sans doute sans surprise. Pour nous, il ne changera pas notre opposition, politique et citoyenne, à l’image du vote du Sénat sur les retraites mercredi prochain. Avec la quarantaine d’organisations regroupées dans la coordination, avec l’association des pilotes professionnels actifs opposés au projet, avec l’association des près de 1000 élus qui doutent de sa pertinence, avec surtout les milliers d’habitants de Nantes Métropole et du département qui se démènent pour que grandissent chaque jour la mobilisation citoyenne, nous continuerons à tout faire pour que cet aéroport ne voit jamais le jour.

vendredi 15 octobre 2010

Conseil municipal du 8 octobre - intervention des élu-e-s du groupe Alternatifs-UDB

Demande du label Cit'ergie


Notre décision de nous engager dans la démarche Cit'ergie traduit bien nos orientations en matière énergétique. Il ne faudrait pas, en effet, y voire un simple effet d'annonce. Les objectifs, quantifiés, que nous nous imposons, sont ambitieux. 20% d'économies d'énergie sur dix ans associé à un doublement de la part des énergies renouvelables ce n'est pas rien.
Soyons modestes, cependant, car si ces objectifs sont effectivement ambitieux, il nous faudra les dépasser si nous voulons faire face aux défis majeurs qui nous attendent. Il nous faudra, en effet, réduire de manière substantielle les émissions de gaz carbonique liées aux déplacement, et notre nouveau PDU va nous y aider de manière conséquente. Il nous faudra, aussi, réduire les émissions liées au logement. Si, en effet, la nouvelle réglementation impose une norme stricte de 50 kwh par an et par m² pour toutes les nouvelles constructions, le logement ancien, qui continue à constituer l'essentiel de notre parc, reste énergivore.


Il nous faut donc redoubler d'effort. L'augmentation prévisible des prix de l'énergie ne nous laisse d'ailleurs guère le choix. Je rappelle que le pétrole, qui était à moins de dix dollars le baril à la fin du siècle dernier et à 23 dollars en 2003 a récemment dépassé les quatre-vingt dollars le baril, et ce alors que nous vivons une crise économique sans précédent. Le volontarisme dont la démarche Cit'ergie est la manifestation va dans le bon sens, mais il ne faut pas relâcher notre effort
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Nouvelle politique tarifaire pour les services d'accueils périscolaires des écoles publiques



Nous nous réjouissons de cette refonte de nos tarifs. Nantes est une des villes les plus en pointe en matière d'accueil périscolaire. On sait à quel point il est important de pouvoir faire accueillir ses enfants pour des parents dont les horaires de travail ne coïncident pas nécessairement avec ceux de l'école. Nous sommes contre la gratuité généralisée de ce service public, cependant il doit contribuer à une forme de redistribution par le biais d'un tarif progressif. La progressivité du tarif est, dans ce domaine comme dans d'autres, une exigence démocratique. Le précédent tarif y satisfaisait, mais il produisait des effets de seuils que le lissage que nous proposons élimine. Nous nous en réjouissons d'autant plus qu'il y a une réelle différence entre les tranches les plus basses et les plus élevées. Un ménage très aisé paiera sept fois plus qu'un autre gagnant le SMIC.


Il est important de limiter à 5 € le tarif le plus élevé pour s'assurer que les enfants des milieux les plus aisés utiliseront aussi ce service. La mixité sociale au restaurant scolaire est aussi importante que dans les classes. Je rappellerai seulement qu'un couple avec deux enfants se situant en haut de la tranche quatre a un revenu de prés de 4.100 € par mois. Selon les statistiques de l'INSEE, plus de 80% des ménages français gagnent moins. Quant à la dernière tranche, ceux qui s'y trouvent font partie des 5% les plus hauts revenus. Ce dispositif participe de la distribution des revenus que nous appelons de nos voeux. Nous l'approuvons donc.

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Dénomination d’une voie publique - A propos de Lucien Guitteny



Intervention de Louisette Guibert


Je suis personnellement heureuse de voir le nom de Lucien Guitteny inscrit dans l’espace de la ville. Lorsque j’ai été nommée inspectrice de l’Education Nationale sur Nantes Nord en 1979, le père Guitteny, comme on l’appelait, a largement guidé mon action sur ce quartier. C’est ainsi que je suis devenue très rapidement administratrice de l’APS (association de prévention spécialisée) pour assurer le lien entre la réussite scolaire et la prévention de la délinquance, et ce militantisme a été pour moi déterminant pour ma pratique professionnelle et la conception de l’école ouverte sur le quartier qu’elle m’a aidé à construire.


Nommé Directeur du groupe scolaire de la Géraudière à la fin des années 50, Lucien Guitteny a eu dès le départ un seul et grand objectif : favoriser la réussite scolaire et l’épanouissement culturel du plus grand nombre. Pour cela il veillera sans cesse à maintenir le brassage socioculturel de ses élèves puisque son école était située à la jonction de plusieurs types d’habitat : un lotissement résidentiel, les HLM et Castors de la Boissière, les baraquements du Chêne des Anglais dénommée Cité d’urgence. Pour lutter contre la stigmatisation et la marginalisation de cette population sous-prolétarisée dont étaient issus une partie de ses élèves, Lucien Guitteny s’engagera comme administrateur dans les C.A.E. (Centres d’Action Educative), l’association de Prévention Spécialisée chargée d’animer le Club « les Gerbes » qui accueillait les enfants et adolescents de la Cité lors de leur temps libre. Dans le même esprit, il sera avec l’appui de certains de ses collègues de l’école de la Géraudière à l’origine des premiers Centres Aérés à la Pervenchère.


Dans le cadre des C.A.E., il stimulera l’action et la réflexion des équipes d’éducateurs(trices) en proposant de considérer les jeunes comme « agents porteurs du milieu », à la fois en raison de leur propre dynamisme mais aussi malgré leurs difficultés sociales à cause de l’investissement des adultes en mesure de se dépasser pour le bien-être de leurs enfants. Sur la base de cette orientation socioéducative naîtra un mode d’action communautaire qui marquera au niveau nantais comme au niveau national tant le travail social que la lutte contre la délinquance juvénile. Il permettra notamment d’enclencher une mobilisation collective des habitants de la cité du Chêne des Anglais afin que, malgré la faiblesse des revenus, nul ne soit oublié et que chaque famille dispose d’un logement individuel ou collectif lors du relogement de la Cité d’urgence dans les HLM de la Petite Sensive. Organisation collective qui aujourd’hui ne s’est toujours pas démentie puisque le Comité d’Action de la Petite Sensive vient de fêter son 40ème anniversaire.


Lucien Guitteny en ouvrant l’école sur le quartier, en associant les parents à la réussite de leurs enfants, en mettant en œuvre l’action communautaire, a inventé le militantisme à la nantaise, qu’il en soit remercié.