dimanche 25 octobre 2009

retour sur le débat du conseil municipal sur Notre Dame des Landes


Ce débat sur Notre Dame des Landes, au conseil Municipal de Nantes, on l’avait demandé depuis longtemps mais la réponse a toujours été : le débat a déjà eu lieu, point final.

Il a fallu que ce soit la Droite qui le demande, en application du règlement du Conseil sur les débats généraux ; alors on l’a eu ce débat, enfin un peu puisque les promoteurs du projet avaient la présentation du préfet, plus de 20 minutes, et puis 8 interventions Pour et 4 interventions Contre et puis, cerise sur le gâteau, Monsieur le Maire dans un long plaidoyer sur lequel je reviendrai.

La règle était 5 minutes par intervention. Je l’ai respecté, mais il y a eu comme on dirait des glissements ; le plus remarquable, du point de vue du temps, était celui du premier adjoint qui s’est octroyé plus de 10 minutes. Chacun appréciera le coté équitable du débat ; c’est comme si, pour un référendum, les partisans du OUI avaient 4 ou 5 fois plus de temps que les partisans du NON, belle démocratie ; mais ne gâchons pas notre plaisir.

Le plaidoyer de Monsieur le Préfet était sans surprise, déclinant les arguments habituels, en partie mensongers ou oubliant des aspects fondamentaux du projet ; on va pas les redire tant ils sont connus mais on a l’impression que, depuis la construction du dossier du projet, en 2002, rien n’a changé, le monde s’est immobilisé et je renvoie au texte de mon allocution et aussi, bien sûr, aux éléments présents sur le site de l’ACIPA ou de Solidarité Ecologie.

Ce qui m’a le plus choqué, c’est l’intervention finale de Monsieur le Maire : c’est bien pratique, comme ça, plus personne ne peut intervenir après car cette intervention n’était pas neutre, on s’en serait douté. En dehors du credo habituel sur la nécessité de l’aéroport pour avoir une ambition, une vision de l’avenir pour le développement de la métropole et toute la poésie habituelle qu’on entend depuis le début sans évoluer d’un millimètre, l’argument qui doit faire mouche ressort : LA SECURITE. Tout le monde sait que l’Aéroport de Nantes-Atlantique est tellement dangereux avec le survol de Nantes depuis 50 ans qu’il est urgent de s’en aller ailleurs, les habitants n’osant qu’à peine respirer au passage des avions. S’il n’y a eu aucune victime c’est même bizarre. Mais pour démontrer le risque de crash on raconte encore l’histoire : un certain soir, un avion d’une compagnie Low Cost a failli prendre l’Erdre pour la piste et il s’en est fallu de peu. Bien entendu Monsieur le Maire ne saurait prendre le moindre risque pour les nantaises et les nantais.

Evidemment, le risque zéro n’existant pas, il faut faire quelque chose pour éviter une éventuelle catastrophe. Exposer le risque est en soi normal mais la logique voudrait qu’il soit évalué et comparé aux autres risques de catastrophe comme par exemple un accident dans le tunnel ferroviaire ou l’explosion d’un train en traversant Nantes, la circulation automobile, qui fait, elle, de nombreux morts, la collision d’un bateau sur une pile du pont de Cheviré ou encore des explosions de silos à grain ou de cuves d’hydrocarbures sur Chantenay, j’en passe et non des moindres. Un risque doit être évalué en terme de gravité et de probabilité d’occurrence. Mais de cette démarche scientifiquement honnête, rien. Ce qui a été mis en avant, c’est la peur et ça, c’est vraiment pas bien parce qu’habituellement, c’est la Droite qui utilise ce réflexe de peur, comme on l’a vu de nombreuses fois dans l’histoire.

Alors, si on veut avancer sur ces différents risques, après l’évaluation, on doit proposer des solutions adaptées au niveau du risque, pas aux fantasmes : l’avion qui aurait peut être pu atterrir sur l’Erdre était, puisque membre d’une compagnie Low Cost, sans doute piloté par un pilote Low Cost qui, peut être, n’avait pas toute sa raison ou avait une lucidité Low Cost, ça c’est sûr parce que, s’il avait été lucide, il n’aurait pas pris des vessies pour des lanternes de piste d’atterrissage. Face à ces carences, la première chose à faire est de surveiller d’un peu plus près ces compagnies et de les mettre sur un liste un peu grise et non pas les chouchouter pour qu’elles viennent encore plus à Nantes. L’inattention peut arriver et ses conséquences peuvent être dramatiques. Récemment, aux USA, un avion a oublié d’atterrir sur sa plateforme de destination car les pilotes causaient avec la liaison radio coupée d’avec la tour de contrôle. Si cela arrivait, à Nantes-Atlantique ou à Notre Dame des Landes, un avion pourrait bien aller, pourquoi pas jusqu’à Donges avec ses magnifiques cuves de Gaz liquéfié et, pourquoi pas, confondre les lumières de Donges avec les feux de piste, comme l’a fait notre Low Cost sur l’Erdre.

La peur est mauvaise conseillère, gardons nous de la brandir à bon marché.

Bertrand Vrain,

lundi 19 octobre 2009

Notre Dame Des Landes : quelle utilité sociale ?


A la demande des élus UMP, le conseil municipal de Nantes a, vendredi dernier 16 octobre, très rapidement débattu du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. Vous lirez ci-dessous l'intervention que j'ai prononcée au nom des deux élus alternatifs. Je reviendrai dans une prochaine note sur la teneur du débat.

Bertrand Vrain



Pour nous, au nom des Alternatifs, 5 minutes pour s’exprimer, c’est peu au regard de l’importance du sujet et de la force de frappe publicitaire des promoteurs du projet. Et nous avons entendu le plaidoyer pro domo de Mr le Préfet, truffé d’omissions et de contre vérités. J’en relèverai 3 : le nombre de mouvement d’avions stagne depuis de nombreuses années à 38000 par an ; la saturation de Nantes-Atlantique est un mythe, Genève est à 13 Mpax avec une seule piste ; enfin, le report sur le TGV est loin d’être terminé.

De l’ambition au rêve

Le côté indispensable du projet et même stratégique affirmé par vous, Monsieur le Maire renvoie à l’ambition pour Nantes et son attractivité. L’attractivité de Nantes se base avant tout sur son tissu technique et universitaire, ses services publics performants, ses politiques de transport courageuses ainsi que ses mutations des espaces publics et culturels et bien entendu sa légendaire qualité de vie, à laquelle s’ajoute notre aéroport Nantes-Atlantique, très loin d’être saturé et facilement accessible, à moins de 2 km du périphérique et aussi par le rail à peu de frais puisqu’une voie ferrée y passe et avec le tramway à 3 km seulement. Cette attractivité de Nantes ne se dément pas et n’a nullement besoin d’une autre infrastructure aéroportuaire prévue pour 9 millions de passagers en 2050.

Vous savez comment les prévisions économiques sont souvent démenties par les faits et la crise que nous connaissons depuis un an nous le rappelle : les savantes prospectives reprises par les promoteurs du projet ne font pas exception à la règle. Un petit exemple : les hypothèses de base du dossier de l’enquête publique, qui date de 2002, retenaient un pétrole à 60$ en … 2025, vous avez bien entendu, en 2025, pour les experts, le pétrole coutera 60$ ; cherchez l’erreur.

Un modèle économique chancelant

La même fiabilité doit se retrouver sur l’évaluation du coût de l’infrastructure affiché inférieur à 600M€. Et encore, à ce coût hypothétique devrait s’ajouter le tram-train, encore 200 M€ minimum et sans parler de l’ambitieuse Ligne à Grande Vitesse Nantes-Rennes réalisable à plus de 2 Milliards d’€. Soyez sûr que les entreprises qui auraient à gérer l’aéroport de NDDL pour 55 ans ne feront pas d’impasse. Ils n’accepteront qu’un financement sécurisé pour eux et donc risqué pour l’état et pour nous, les collectivités locales qui avons imprudemment voté, au Conseil Régional, au Conseil Général et à Nantes-Métropole une délibération sur le « retour à meilleure fortune », c'est-à-dire en clair un financement des gestionnaires au cas où ils seraient en déficit ; c’est ce qu’on appelle la socialisation des pertes. Soyons réalistes, les fonds consacrés à ce projet ne seront pas investis ailleurs, dans l’application de nos politiques publiques.

Il faut rappeler, chers collègues les grandes incertitudes qui pèsent : le secteur aérien est totalement libéralisé et les compagnies font ce qu’elles veulent : elles viennent et elles s’en vont sans demander l’autorisation, comme la compagnie Régional Airline qui a déserté il y a peu Clermont Ferrand du jour au lendemain et a fait passer le trafic de cette plate forme de 1 400 000 passagers à 600 000 passagers.

Un modèle de régression sociale

Mais quel modèle de société est intégré dans le logiciel des promoteurs du projet ? Celui affiché comme porteur, chers camarades et amis, n’est pas vraiment de gauche. C’est le modèle des Charters pour les vols vacance et des Low Cost : compagnie Low Cost, avec des emplois low cost, des exigences sociales et environnementales low cost, accompagné ici de délocalisation et de casse sociale puisque les promoteurs du projet n’hésitent pas à déplacer 1500 emplois du sud au nord Loire sans compter les autres emplois induits et la fragilisation des entreprises déjà en place à Nantes-Atlantique, bel exemple de renforcement du Sud Loire ; les promoteurs du projet nous promettent des compensations par un développement, forcément fulgurant, autour de NDDL. Encore un pari de plus, pari, terme confirmé d’ailleurs dans la conclusion du rapport de l’enquête publique.


Dans cette croyance quasi religieuse en un développement sans limite du Transport Aérien, dans cette ode à la croissance sans critique, nous sommes bien loin des ambitions d’une société de développement solidaire, d’une croissance sobre en s’appuyant localement sur notre agenda 21, ou le plan climat. Tous ces enjeux de société seront bien évidemment au cœur des projets proposés pour les Régionales de 2010.

Des procédures opaques meublées d’obstruction

Pour finir, nous sommes choqués des obstacles démocratiques mis à la manifestation de l’information : nous savons bien qu’en proposant le débat, l’opposition municipale cherche à mettre des clivages dans notre volonté réaffirmée de poursuivre les politiques que nous menons en matière de services publics, de reconstruction de la ville et des espaces publics, de vie culturelle, de transport collectif ou de déplacement doux et j’en passe.

Pourquoi n’accepte-t-on pas une étude indépendante sur les solutions alternatives pour traiter la question du survol de Nantes et de ses nuisances induites ; pourquoi rejette-t-on d’un revers de main les propositions fortes étayées des associations ?

Pourquoi ne disposons nous pas publiquement du Cahier des Charges envoyés aux quatre candidats retenus pour un Partenariat Public Privé qui va durer 55 ans et engager nos collectivités sur la même durée ?

Monsieur le Maire, chers collègues, nous sommes a votre disposition pour reprendre un vrai débat où nous pourrions confronter les arguments des uns et des autres. Ce travail que nous essayons de faire, au nom des Alternatifs, avec le groupe de près de 500 élus mobilisés pour informer dans les communes de Loire-Atlantique est une base pour élaborer des décisions démocratiques sur les grands projets.

En vous remerciant pour votre attention, nous vous invitons à le rejoindre.