vendredi 3 décembre 2010

Hôpital et Santé Publique : quel avenir à Nantes - intervention de Bertrand Vrain au conseil municpal du 3 décembre


Nous débattons aujourd'hui de l'avenir de l'hôpital et de la santé publique à Nantes. Vaste sujet mais, sur ce point, la Ville n'a finalement qu’une intervention limitée, même si la volonté est là et, au nom des Alternatifs nous soutenons les initiatives prises en ce sens par la Ville. L'organisation de la santé est en France fondamentalement une compétence de l’État et je vous propose des éléments de débat sur la politique actuelle menée par le gouvernement qui s’évertue à dépecer le service public de santé.

 
La santé repose autant sur les dispositifs de prévention, la santé publique, que l’organisation des soins proprement dits. Si l'espérance de vie s'est considérablement accrue au cours du dernier siècle c'est certes grâce aux progrès de la médecine et de la recherche pharmaceutique, mais aussi grâce à une plus grande attention portée à la prévention et à l'hygiène. Des vies ont été sauvées à la fois en généralisant le lavage des mains à l'hôpital et en inventant la pénicilline. En France, la santé publique est le parent pauvre, il faut en particulier noter le peu de place qu’occupe la prévention dans les formations des soignants et heureusement que les actions de la Ville compenseznt un peu ce manque.


Ces attitudes de prévention, qui accompagnent les soins, sont de fait peu génératrices de profits pour les acteurs privés du soin mais par contre génératrices d’économies publiques. Dans quel but une entreprise privée aurait elle intérêt à faire spontanément de la prévention alors que celle-ci est susceptible de grever des recours à des soins rémunérateurs ? Mais reconnaissons aussi que malheureusement cette absence d’investissement dans la prévention se retrouve aussi dans l’hôpital public qui concentre ses moyens principalement sur le soin. La prévention devrait être prise en charge par la puissance publique, en appui aux initiatives souvent remarquables du secteur associatif. L’intérêt général doit conduire à un service public dont la mission est d’assurer un traitement égal pour tous et toutes.


A côté de la prévention, l’organisation des soins est l’autre volet d’une politique de santé, mise en œuvre grâce aux cotisations sociales et se décline aussi bien avec les établissements hospitaliers qu’avec la médecine de ville et ses multiples auxiliaires, infirmiers, aide-soignant. Autant, la nécessaire rationalisation des moyens matériels importants implique une certaine centralisation de l’hôpital, autant, la médecine de ville nécessite proximité et disponibilité.


Il nous faut constater que la médecine ambulatoire a été quasiment intégralement laissée au secteur privé, médecins ou soignant payés à l’acte, donc intéressés logiquement par leur multiplication ce qui induit la rapidité des temps de consultation.


Or, au début des années 80, la gauche avait lancé une expérience, tout près d'ici, à Saint-Nazaire : la création d'un centre de santé, auquel les médecins libéraux pouvaient s'affilier en étant salariés, et qui offraient à l'ensemble de la population des soins ambulatoires de proximité. Cette expérience, qui ouvrait la voie à un véritable service public de médecine de ville a malheureusement été interrompue sans que les évaluations aient été rendues publiques ; le gouvernement de l’époque a enterrée l’initiative. Et bien nous souhaitons, pour notre part, qu'elle soit reprise.


Ce même paiement à l’acte, à l’œuvre dans la médecine de ville l’est, de façon généralisée dans les cliniques privées mais paradoxalement aussi dans l’hôpital public avec ce droit pour les médecins d’avoir une clientèle privée.


Cette mécanique perverse du paiement à l’acte est relayée dans les établissements hospitaliers, privés et publics par l’instauration de la tarification à l’activité (T2A) qui peut conduire à sélectionner les actes les plus rentables. Ainsi a-t-on pu constater qu’il y a, c’est bizarre, à peu près deux fois plus de césariennes dans le privé que dans le public. Cette tarification à l'activité introduit la logique du privé au sein même du service public puisque, à côté de l’enveloppe du MIGAC (mission d’intérêt général et d’aide à la contractualisation), les hôpitaux publics sont financés par recours à la T2A avec un objectif de 100% en 2012.


Alors que, dès 2006 le déficit cumulé des hôpitaux publics était de 350 millions d'euros, au même moment, le groupe privé de la Générale de Santé a versé des dividendes à ses actionnaires à hauteur de 420 millions d'€. On assiste bien, de par les mécanismes mis en œuvre, à un véritable transfert de ressources publiques vers des intérêts privés.


Il nous paraît donc essentiel de réaffirmer que la santé n'est pas une marchandise mais un droit et nous considérons que la politique actuelle de baisse des dotations budgétaires et la fermeture des hôpitaux de proximité est inacceptable. La lutte pour le maintien de l'hôpital de Carhaix tout comme le mouvement contre la fermeture des petits blocs opératoires à Guéret a été emblématique de la résistance des femmes et hommes de terrain contre ce rouleau compresseur de la rationalisation comptable. Ce n’est pas la loi HPST ou les récentes propositions du gouvernement sur la modulation des honoraires médicaux qui va faire baisser les inégalités face aux soins.


Cette politique de désinvestissement, qui profite au privé, n'épargne pas les grands hôpitaux, avec souvent des conséquences catastrophiques pour les personnels comme pour les malades. En 2008, le CHU de Nantes a adopté un plan de retour à l'équilibre qui s'est traduit par la suppression de 400 emplois de soignants. Pris en étau entre les restrictions budgétaires et les exigences du service public, le CHU a choisi de se plier aux pressions de l’ARH qui faisait miroiter 10M€ pour soulager sa dette de 30M€. Accepter cette option, présentée comme la seule solution raisonnable, c’était reconnaître que les 400 soignants étaient en trop ; peut-on penser que la qualité des soins n’en ait pas été affectée, malgré la conscience professionnelle et le dévouement des personnels ?


Cette seule logique comptable se manifeste d'ailleurs désormais jusque dans le choix des dirigeants puisque les nouveaux directeurs d'hôpitaux peuvent aussi être recrutés parmi les dirigeants d’entreprises privées, sans suivre le cursus complet de formation à l’Ecole de Santé Publique de Rennes. Comme si c'était la même chose de gérer un hôpital et une gare. Comme si les malades n'étaient qu'une forme un peu particulière de marchandise et les patients de simples clients !


Alors ce CHU, privé d’une partie de ses moyens, lentement dépecé et en partie bradé au privé au nom de la pseudo complémentarité public-privé, avec les grands et beaux projets de l’IHU, faut-il le placer sur l'Île de Nantes ou en périphérie ?


Poser quelques questions permettrait de poursuivre un débat que nous n’avons jamais eu avant aujourd’hui, alors que de nombreuses études ont été faites il y a des années :


Faut-il tout rassembler en un seul lieu compact en matière d’équipement ?


Les consultations doivent elles être obligatoirement regroupées ?


La compacité est elle une nécessité ou un geste architectural ?


La démolition reconstruction systématique pour tout l’existant est-elle la plus optimale économiquement ?


La surcharge induite par ce type de grand projet a-t-elle une influence sur l’inflation des coûts dans le BTP susceptible de se répercuter sur d’autres projets comme les logements ? Se pose donc la question du rythme.


Quelle est l’insertion dans l’ensemble dans la ville ?


La forme de la ville que nous voulons et que nous mettons petit à petit en œuvre à Nantes, ville apaisée mais dense, perméable et accessible, n’induit elle pas une certaine distribution des fonctions sur l’espace public, une ouverture des îlots ?


Faisons en sorte, chers collègues, que la nouvelle centralité de notre agglomération, l’Ile de Nantes, accueille dignement notre hôpital public en développant cette forme de ville qui fait la signature de Nantes.


Je vous remercie de votre attention

Statut des assistantes maternelles - intervention de Louisette Guibert au conseil municipal du 3 décembre 2010


Le groupe Alternatifs – UDB approuve vivement ce statut des assistantes et assistants maternelles « municipales ». Les 35 assistantes maternelles de la ville viennent compléter l'offre d'accueil de la petite enfance.

Je rappelle que le statut général des assistants et assistantes maternelles est dérogatoire en de nombreux points à celui appliqué aux autres salariés – notamment en ce qui concerne la rémunération, le temps de travail, la rupture de contrat...


La réforme du statut des assistants et assistantes maternelles et familiales a été adoptée le 27 juin 2005. Ce texte révise de nombreuses dispositions du droit issu de la loi du 22 juillet 1992 avec pour ambition de progresser sur la voie de la professionnalisation, de mieux reconnaître la place des assistants et assistantes maternelles au sein des dispositifs d'accueil des jeunes enfants et d'améliorer leurs conditions de travail.


Le statut que nous adoptons aujourd'hui pour les assistantes maternelles « municipales » renforce ces deux orientations :


1. il permet d'assurer une plus grande qualité de l'accueil grâce à une meilleure intégration professionnelle des accueillants et des accueillantes.


2. Il améliore très sensiblement les droits des assistants et assistantes maternelles.


C'est pourquoi, en attendant une réelle intégration de ce mode d'accueil au service public de la petite enfance, nous votons pour ce statut.