mardi 9 avril 2013

Conseil municipal du 5 avril - " l’école gratuite ne doit pas amener les parents à devoir payer pour un temps périscolaire qui deviendrait quasiment obligatoire" - intervention de Louisette Guibert



Cette réforme, un des éléments de la loi sur la refondation de l’école est nécessaire. Si cette loi comporte des éléments d’avancée positifs, comme la reprise de la formation des maîtres, on peut légitimement se demander si, en l'état actuel, elle est tout à fait à la hauteur de ses ambitions : la réussite de tous les enfants. 

Depuis trente ans, l’ensemble des acteurs de l’éducation réfléchissent à l’organisation, à l’aménagement, à l’amélioration des rythmes scolaires, des rythmes de vie, du temps de l’enfant, tous ces termes étant d’ailleurs allègrement utilisés, sans différenciation sémantique. 

C’est sur le secteur de Nantes Nord qu’ont été mis en place les premiers Contrats Bleus de cette académie, dans la première moitié des années 80., une première tentative pour articuler les différents temps de l’enfant. Nous nous appuyons donc, à Nantes, sur une expérience très ancienne. 

Depuis, la réflexion n’a pas cessé de progresser. Il faut dire que ce n’est pas facile car l’aménagement du temps scolaire est toujours une démarche d’articulation du fonctionnement du système scolaire avec le fonctionnement du système socio-économique. 

Par ailleurs, il y a trois niveaux d’organisation du temps : 
• L’année scolaire et le rythme des vacances, petites et grandes ; 
• La semaine avec 4 ou 5 jours 
• La journée. 


On ne peut donc pas dire, comme c’est le cas aujourd’hui, que cette réforme arrive sans préparation et sans concertation. Je rappelle la concertation menée en 2010 par Luc Châtel sur les rythmes, à laquelle ont largement participé tous les partenaires qui s’étaient mobilisés contre la suppression de l’école le samedi matin. 

Que dire de la mise en place de cette réforme à Nantes ? Si l’on considère l’intérêt des enfants, il est évident qu’il aurait été préférable de choisir le samedi matin, car les études sont claires sur cette question : deux jours d’interruption dans les apprentissages scolaires démobilisent l’intellect et la concentration des élèves pour des raisons de déchronisation. Par ailleurs, le samedi matin est un moment pour les rencontres avec les parents. Par contre, les parents d’élèves sont, eux, favorables à l’école le mercredi matin car cela donne du temps à la vie de famille le week-end.

L’organisation des journées et l’intérêt des enfants devraient donner lieu à un allongement important de la pause méridienne, car l’activité intellectuelle et la concentration reprend vers 15h30. Mais, là, on se heurte aux conditions de travail des enseignants, il n’est pas vraiment acceptable de leur imposer une pause de plus de 3 heures dans leur journée de travail. 

Le scenario qui consiste à libérer une demi-journée à partir de 15 h est notre scénario et intéressant à expérimenter. Il nous permettrait de mettre en place, avec nos établissements culturels, les associations, les acteurs culturels et les artistes de vrais parcours artistiques culturels innovants. 

L’aménagement des rythmes est en effet pour nous, élus, une opportunité historique pour faire une vraie place à l’éducation artistique et culturelle, en complémentarité avec l’école, sur tout le temps de l’enfant. 

Le parcours artistique et culturel a pour ambition de réduire les inégalités et de favoriser le développement de l’accès de tous à la culture Il vise à favoriser la mise en cohérence des enseignements de l’école, des actions éducatives en périscolaire et des expériences personnelles, à les enrichir, à les diversifier. Il a pour objectif de permettre à l’enfant, par l’expérience sensible des pratiques, les rencontres des œuvres et des artistes de fonder une réelle culture artistique. 

Il reste évidemment beaucoup de points de vigilance à avoir. La fin des cours à 12h15 le mercredi semble trop juste pour un bon nombre de parents ; peut-on encore revenir sur cette heure ? Quel sera le cout du périscolaire pour ceux qui habituellement ne laissaient pas leur enfant au périscolaire ? 

Ce problème du coût pour les parents est le problème majeur aujourd’hui. Il nous faut être très précis sur cette question, l’école gratuite ne doit pas amener les parents à devoir payer pour un temps périscolaire qui deviendrait quasiment obligatoire. 

Ce sera une bonne réforme si d’ores et déjà nous sommes dans la perspective d’une réorganisation de l’année scolaire. Les enjeux sont vitaux pour la réussite de tous les enfants à l’école, à condition, bien entendu, que tous les partenaires s’allient pour construire ensemble une école de la réussite.

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