TAFTA : "Dans le dos, et sur le dos des populations" - Intervention de Lionel Orcil au conseil municipal de Couëron (15 décembre 2014)

Lorsque nous arrivons à ce moment important qu’est le Débat d'Orientation Budgétaire, nous avons chacun(e)s à l’esprit les thèmes politiques qui nous sont chers. Je commencerais mon propos en attirant votre attention sur ce qui se trame aujourd’hui dans la plus grande discrétion, du côté de l’Union européenne et des Etats-Unis (et du Canada). En effet, peut être ne le savez vous pas, mais, il se négocie actuellement entre ces deux grands blocs économiques, la création d'un grand marché transatlantique. L’objectif est de supprimer les «obstacles au commerce» !!, au bénéfice bien évidement des entreprises multinationales. Dans le dos, et sur le dos des populations. Date butoir: 2015. 

Le « traité de libre-échange transatlantique » pour TAFTA en anglais. Ce projet de grand marché transatlantique porte en lui de très lourdes menaces: systèmes sociaux et services publics démantelés, explosion des inégalités, destructions environnementales, répression des mouvements sociaux, atteintes aux libertés fondamentales… 


Ces éléments là n’apparaissent pas dans le texte proposé au débat de ce soir ; et pourtant si nous laissons faire ces accords sans y prendre garde, les débats d’orientation à venir, l’exercice même de nos budgets communaux pourraient en être affecté. Le gouvernement ayant délibérément prit un tournant libéral dans sa vision de l’économie, aujourd’hui, les mesures qui sont prise pour redresser le pays accentuent déjà un phénomène de récessions qui frappe de plein fouet, non seulement nos concitoyens mais également les collectivités. 

Concernant TAFTA, plusieurs communes ont déjà pris position, déclarant ces localités »hors zones TAFTA » ; Je fais donc la proposition d’un tel vœu, pas ce soir, notre Maire étant absent, mais lors d’un prochain conseil. 

Alors, comment à Couëron, nous aborderons ce double virage libéral : (austérité d’un côté et projets supra nationaux de l’autre) si les principes même du respect de nos souverainetés sont bafoués et que s’impose dans la gestion de nos vies, des opérations économiques qui seront incontrôlables? Ce que nous savons, ce que nous aurons à gérer, c’est un budget avec des recettes en forte diminution et des dépenses qui, si nous n’y prenons garde, auront tendance à croitre. 

Le budget 2015, c'est la première marche de la réduction des dépenses publiques de 50 milliards d'ici 2017 : pour 2015, à Couëron ce sera 400 000€ ! 

Certes, on peut toujours se lamenter sur le manque à gagner que nous allons subir, mais ce sur quoi nous pouvons compter, nous devons impérativement l’orienter dans l’esprit qui est le notre, préserver nos capacités d’investissement, défendre le service public par des actions fortes vers les populations fragilisée, vers les associations qui œuvrent pour le bien commun, préserver notre patrimoine des effets du temps. C’est aussi contribuer à maintenir du personnel communal en quantité et qualité pour répondre aux besoins du service public. 

Voila ce à quoi nous sommes contraints. C’est d’autant plus insupportable lorsqu’on sait que 340 multinationales ont passé un accord avec le grand duché du Luxembourg depuis 2002 afin de bénéficier d’un dispositif qui leur permet d'économiser des milliards d'euros. Amazon, Ikea, Crédit agricole, Apple font partie du lot. Certaines de ces grandes multinationales seraient même imposées à un taux inférieur à 1%. 

 A l'optimisation fiscale, s'ajoute la fraude fiscale (qui serait de l'ordre de 50 milliards en France), la fraude aux cotisations sociales (20 milliards) Il faut que chacun prenne conscience de ces difficultés qui minent la politique et discrédite les élus. (… ) 

Nous, élu-e-s de terrain, au plus proche de nos concitoyens, avons cette responsabilité de mettre en place des mesures justes et efficaces aux regards des attentes et d’un service public de qualité. Collectivement, nous devrions pouvoir raisonnablement y arriver. 

* Lionel ORCIL est adjoint au maire (Alternatifs)