lundi 30 janvier 2012

La société numérique nantaise - Conseil municipal du 27 janvier 2012 - intervention de Bertrand Vrain


La société numérique nantaise est diverse et en construction, avec une place centrale dans la vie sociale, économique, culturelle.
Mais ce développement numérique se déroule parallèlement à cette désagrégation sociale qui accompagne la libéralisation tout azimut de l’économie avec ses cortèges de scandales et d’injustices.
La « nouvelle économie » de la « contribution » ne remplace pas celle basée sur une concurrence féroce entre acteurs : l’exemple de la Silicon Valley avec son « agilité fiscale et sociale » n’est pas notre modèle.


Alors quelques questions :


La fracture numérique
Ne pas avoir accès au réseau est un facteur évident d’exclusion et nous devons accompagner les personnes pour une sensibilisation et une prise en main des outils, tout en maintenant les services équivalents au guichet.
Pourquoi pas un accès aux équipements informatiques dans les lieux publics, mairie, médiathèque, maisons de quartiers, voire une politique de prêt ? Nous avons déjà beaucoup fait. Evaluons le réalisé et étendons l’accès public.


L’open data
Ouvrir au public ses données est une démarche nécessaire mais nous devons continuer à informer directement les citoyens sur les services publics et ne pas considérer que cela relève des initiatives des entreprises privées.



Les émissions électromagnétiques
Nantes a choisi d’offrir une couverture wifi et c’est très bien mais nous devons viser à diminuer la puissance des émissions, comme nous l’avons fait avec les opérateurs de téléphonie mobile.
Et puis il y a l’empreinte énergétique des systèmes qui doit décroître.


Le respect de la vie privée
Peu de personnes sont réellement sensibilisées aux risques de diffusion large et de réutilisation des données personnelles au travers des réseaux dits sociaux. Cette sensibilisation est nécessaire, par l’école mais aussi par le biais des centres sociaux ou des maisons de quartiers.


Le fichage
Si la Ville respecte évidemment les grands principes de la loi relative à l’informatique et aux libertés, il nous faut aussi veiller à la pertinence des données collectées, et au principe de finalité.
Le poste de Correspondant Informatique et Libertés doit pouvoir nous y aider.


Et la menace des fichiers nationaux mis en place ces dernières années : de 34 fichiers de police en 2006, on en est à plus de 50, jusqu’au tout nouveau fichier central pour les cartes d’identité biométriques. Dans ces fichiers, comme Judex ou Stic, voisinent des coupables, des témoins, des suspects et ils sont consultables pour des enquêtes administratives. Le fichier des empreintes génétiques FNAEG, à l’origine prévu pour les délinquants sexuels, est chaque jour élargi : petite délinquance, manifestants, faucheurs OGM, etc....
Passons sur la géolocalisation et les puces RFID, à utiliser avec parcimonie, mais mentionnons le célèbre « Base élèves » destiné à ficher les enfants.
A la présomption d’innocence, le gouvernement actuel a substitué le « tous suspects » : ces extensions concrétisent cette criminalisation du mouvement social, tant chéri par la trilogie, je ne dirai pas la sainte trilogie, Sarkozy-Fillon-Gueant : surveiller et punir.


Je passe sur l’informatisation qui doit rimer avec amélioration des conditions de travail à l’opposé d’une utilisation pour renforcer la taylorisation.


Pour finir, j’aborderai le domaine de la culture …
En dehors de la question nationale d’Hadopi totalement à repenser, le numérique est une opportunité historique de démocratisation de la culture, quelles pratiques culturelles à l’ère numérique ?
Amener les jeunes aux pratiques culturelles, y compris dans les lieux traditionnels de la culture, c’est s’appuyer sur leurs propres pratiques numériques.


A Nantes, félicitons-nous de l’ouverture récente de la Fabrique qui est une réponse aux enjeux actuels de la création artistique et permet à des artistes et collectifs émergents l’accès à des espaces de travail, à des laboratoires, à des outils multimédia facilitant la recherche et l’expérimentation avec sa plateforme intermedia.
La Fabrique est bien l’étape « numérique » dans l’histoire culturelle nantaise.


Continuons à travailler, à être innovants, pour le grand musée d’art de Nantes, et penser la muséographie avec cette préoccupation du partage des richesses de notre collection, au moyen d’outils numériques performants. Cette culture de l’écran symbolise les pratiques culturelles à l’ère numérique.


Le numérique en art, c’est à la fois les futurs de l’art, de la création artistique, c’est aussi un merveilleux outil de médiation et de rencontre avec les œuvres.


Vous le voyez, Monsieur le Maire, chers collègues, ces développements du numérique sont, pour nous, une opportunité historique pour lutter contre les exclusions et installer dans nos politiques publiques des coins, pour davantage d’égalité.


Alors la question que nous posons est la suivante :


Quelle forme de vigilance citoyenne pour que cet outil soit largement ouvert à l’ensemble des acteurs nantais ?

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